Ce que je crois par Théo Bondolfi
Voilà comment je vois le monde.
D’une part, depuis deux siècles, la qualité de vie pour l’humanité a bien augmenté. Les conditions générales sont bien meilleures en termes de santé, mobilité, communication, formation…
Mais d’autre part, nous n’avons jamais autant abusé de la terre, de l’air, de l’eau, des plantes, des animaux. Malgré des initiatives pour rétablir les équilibres fragiles des écosystèmes, la tendance générale reste négative. Notre civilisation moderne gaspille, vit à crédit, détruit. En consommant chaque jour plus que ce que notre planète d’accueil peut supporter, nous augmentons le risque d’une décroissance brutale de la qualité de vie. Des crises irréversibles, des chocs terribles nous menacent.
Ce ne sont ni les fourmis ni les algues qui sont menacées d’extinction. Ce sont les mammifères et en premier lieu, nous, les humains. C’est la part la moins bien élevée de nous-même qui a hypothéqué le futur de l’humanité.
Je crois que la solution est dans l’adaptation de nos modes de vie aux défis environnementaux actuels, quelles que soient les découvertes technologiques. Je crois que l’humanité peut sortir grandie de la situation actuelle. Je crois que nous sommes suffisamment résilients. J’ai bien conscience qu’en pratique, les enjeux sont très complexes : mondialisation brutale, changements climatiques, conflits armés, instabilité économique, dérives financières… Je vois que nous peinons, bien souvent, à trouver la juste voie pour une transition d’une société jetable à une société durable.
J’ai conscience que les administrations publiques sont dépassées par l’ampleur de la tâche, et que les multinationales ont trop perverti la main invisible du marché pour cultiver la préservation de nos biens communs. Je vois ces problèmes comme des défis positifs, comme une raison d’être collective, un moyen de nous relier et de nous réconcilier, une opportunité rare de nous réaliser magnifiquement.
Je crois que la seule manière de relever ces défis vite et bien est de favoriser les changements de comportements de la minorité de surconsommateurs mondialisés, dont je fais partie. Je crois qu’il est possible de réapprendre la sobriété des sociétés traditionnelles et de l’allier aux bonnes découvertes du monde industriel. J’œuvre alors pour une forme de décroissance soutenable, symbolisée par de nombreux « R » : Réduire, Recycler, Redistribuer, Réutiliser, Relocaliser, Reconceptualiser… et comme le terme décroissance est souvent mal interprété, j’utilise plutôt l’expression « sur le chemin de la simplicité volontaire ».
Je crois que la solution à ce problème global est de mettre en réseau des petits pôles d’écologie communautaire, à l’échelle de lotissements, de quartiers, de villages. Je crois que nous avons besoin d’un outil de construction et d’évaluation de la viabilité des écolieux. Cet outil, c’est un accord, un cadre de coopération. Un accord fédérant quelques dizaines de foyers pour bien vivre ensemble. Un accord qui s’anime par des séances, des procès-verbaux de réunions, des objectifs d’amélioration, ainsi que de bons repas, des œuvres d’arts partagées, des interactions avec d’autres communautés, une culture de l’apprentissage par l’action, une écoute. Je crois que nous pouvons ainsi améliorer notre confiance en nous-même, et entre nous, au quotidien. Nous en avons bien besoin.
Cela demande un bel effort individuel et collaboratif, sans qu’il soit surhumain. Juste humain. L’effort, c’est simplement donner un peu de temps régulièrement pour choisir ses voisins, faire de son mieux pour s’entendre avec eux et pour relever les défis d’une communauté. C’est réussir à leur faire suffisamment confiance pour mieux célébrer son humanité.
Il y a tant de nouvelles réalités que nous commençons à apprivoiser en ce moment de transition profonde : internet, la complexité des écosystèmes, l’infiniment grand et petit, l’intelligence collective, l’entrepreneuriat social, la culture libre… Voilà pourquoi la proposition est de créer un nouvel environnement, plus favorable à cet esprit émergent d’accoucheurs collaboratifs, nous aidant à dépasser nos bas instincts de préservation individuelle.
Partager un salon, des repas, un potager, depuis plus de 20 ans, cela m’a rendu plus humain. J’aime les gens. Je crois qu’aimer, cela s’apprend par des leçons de vie. C’est un effort. J’aime jubiler avec mes semblables dans cet effort de vivre, avancer ensemble vers plus de sobriété heureuse. C’est sur cette vision que j’ai choisi de m’engager, pour donner du corps à ce label servant la qualité de vie : Ecopol.